꩜ Jeu de Passage ( Mix 2003)

Peut-être le mix le plus personnel de tous mes mixs…En plus de musiques proches de mon coeur, je l’ai entièrement brodé de mes captations sonores . Il porte les présences et les voix de mes voyages , de mes sanctuaires… et de mes amis co-créateurs comme Yasuko Tadokoro, Patrick Watson, Katrin Leblond, Sylla Robillard, Fady Zakar, Mohamed Rateni.
Merci à vous .
Merci aussi à Christian Bobin pour poser les mots qui ferment et ouvrent ce voyage.

꩜ “Il y a toujours des traces” . Voix de la Roya (2003)

Carte postale sonore de 2003.

6 minutes de voyage dans la mémoire de l’été 2003 durant lequel j’ai enregistré des histoires et paysages sonores de ma vallée franco-italienne, la Roya.
( Ce mix fait partie d’un plus long voyage sonore, JEU DE PASSAGE. C’est la 7e track du mix )

La Brigue, Juillet 2003. Un DAT contre ma hanche, un micro binaural à la main, entre Jean Pierre et Joseph, j’enregistre le son de la fenaison qu’on entend dans ce mix.
Merci Fabien pour cette forte et unique trace visuelle de cet été-là. J’ai tant de sons et aucune image. C’était avant les téléphones portables perpétuellement dans nos poches…


J’ai composé ce petit mix en 2003 avec mes enregistrements de mon village ancestral, la Brigue, et de ses environs.
On entend les paroles et le chant d’Ido ( la reverbe y est naturelle. Nous étions tous les deux assis dans un ancien blocaus où il s’est réfugié durant la seconde guerre, au dessus du village).
On entend le récit d’Aline et le son des blés fauchés par Joseph, son mari en équipe avec Jean Pierre.
On entend le chant de Fady accompagné de sa kora
On y entend les cloches de l’église de la Brigue et le murmure de la fontaine de San Bastian
Parfois, on entend la respiration haletante de Speedy, le chien de ma tante :)
Et puis les insectes, le vent, … toutes ces traces du vivant.

Une photo de la Brigue. Je n’en connais pas la date, mais comme le nom du village y est encore écrit en italien, probablement avant son rattachement à la France, en 1947 .

2003-2022. Un peu de l’histoire derrière ce mix. Un peu de l’histoire sur mon appel à le retrouver dans mes archives et à le partager maintenant.

Juillet 2003:
J’ai passé le mois de juillet 2003 au village de mes ancêtres, la Brigue, dans la vallée de la Roya. Mon ami musicien et sound designer Luc Martinez et moi étions invités à faire des captations sonores pour le Musée local du Patrimoine. 
Ma famille paternelle est originaire de ce village depuis nombreuses générations (tous bergers). Cet été là, remplissant encore mon rôle d’étrangère intime - le fil rouge de ma vie- j’ai passé mon temps à écouter les anciens me conter la vie d’antan dans ces alpes méditerranéennes. Me dire la dureté de la seconde guerre sur cette ligne frontalière franco-italienne et son issue bouleversante puisqu’en 1947 le village et quelques autres de la vallée ont littéralement changé de nationalité, passants d’italiens à français… Beaucoup d’histoires puissantes qui m’ont été offertes cet été là… souvent accompagnées par des verres de génépi maison, prompt à délier le flow des souvenirs.
Ce village, cette vallée, ces montagnes, ce sanctuaire rayonne d’une grande force d’attraction. Constamment, il attire des êtres aux ondes-mondes qui lui ressemblent. Comme mon ami musicien Fady Zakar rencontré cet été 2003, qui m’a offert ce chant à la kora posé dans ce petit mix.

Octobre 2020:
Une énorme tempête a détruit la vallée de la Roya et sa jumelle, la Vésubie. Les plus infimes ruisseaux sont devenus des autoroutes. De toutes parts, les eaux ont traversé, emportant vers la mer, 60 kms plus bas, maisons, routes, vies humaines, vies animales, vies végétales. Depuis ce 2 octobre 2020, le paysage des vallées est autre. Paysage géographique. Paysage social. Paysage matériel. Paysage émotionnel.
La catastrophe a ouvert des plaie et des nouveaux chemins. Beaucoup ont quitté la vallée. D’autres ont décidé d’y revenir, de s’y installer, d’insuffler à ces lieux la vie et l’attention qu’ils appellent depuis longtemps .
L’étymologie du mot “ catastrophe” indique un “changement de direction”.

Juillet 2022 . Maintenant:
Je retrouve ma vallée et mon village après 3 ans d’absence, parce que frontières fermées, etc.
À mon tour de découvrir cette nouvelle géographie . Les plaies toujours ouvertes et les cicatrisations en cour. Comme tout le monde, je suis moi aussi forcée de mettre mes souvenirs au présent. Certains de mes espaces d’enfance, terrains de jeu de générations en générations, sont rayés de la carte. La nostalgie se pointe souvent. Je la respecte, la laisse me traverser et choisi de ne pas l’habiter. Un nouveau temps a commencé. Ici et partout. On le sait bien. Au moins, on le sent..

En effet, l’univers me propose clairement de mettre l’histoire Présent. En moins de 24 heures, j’ai retrouvé Fady et Aline, deux êtres dont les voix co-habitent ce mix et qui pourtant ne se connaissent pas. Je ne les avait pas retrouvé sur ces terres depuis 2003. Et hop, jaillissant sous mes yeux , un cycle de 19 ans!
Ido et le chien Speedy sont morts depuis. Joseph le mari d’Aline, lui aussi a rejoins l’invisible. Aujourd’hui, Aline m’a appris que la tombe de Joseph avait été emportée par la tempête de 2020. Le cimetière longeait la rivière. Il est lui aussi parti vers la mer. Aline m’a dit combien c’était dur durant ces deux dernières années de ne pas pouvoir se recueillir sur la tombe de celui qu’elle appelle toujours “ son grand amour”, de l’imaginer partout et nulle part dans la rivière qui descend la vallée. Tellement dur qu’elle a longtemps renoncé à venir au village. Aujourd’hui, elle m’a dit qu’enfin, elle parvenait à mieux vivre à la Brigue, là où ses enfants et petits enfants continuent à faire pousser la vie. Aline ressent la présence de Joseph au-delà de sa tombe. Dans l’âme du village, dans les montagnes. Partout . 
Comme elle me disait 19 ans plus tôt, “il y a toujours des traces“.

Une des traces qui marque le passage de la tempête dans la vallée Roya. L’eau est montée si haut…

Tombe de mes arrière grand-parents Franca, bergers.

Moi et mon arrière grand père Eugène Franca, dit Barba Geni, le doyen du village qui a quitté cette vie quelques mois avant ses 100 ans.




🎼 Odetta: The Times They Are A-Changin'

A classic Bob Dylan song, by the American singer, actress, guitarist, lyricist, and Civil rights activist Odetta
Still a song for now.

Come gather 'round people
Wherever you roam
And admit that the waters
Around you have grown
And accept it that soon
You'll be drenched to the bone
If your time to you is worth savin'
And you better start swimmin'
Or you'll sink like a stone
For the times they are a-changin'

Come writers and critics
Who prophesize with your pen
And keep your eyes wide
The chance won't come again
And don't speak too soon
For the wheel's still in spin
And there's no tellin' who
That it's namin'
For the loser now
Will be later to win
For the times they are a-changin'

Come senators, congressmen
Please heed the call
Don't stand in the doorway
Don't block up the hall
For he that gets hurt
Will be he who has stalled
The battle outside ragin'
Will soon shake your windows
And rattle your walls
For the times they are a-changin'

Come mothers and fathers
Throughout the land
And don't criticize
What you can't understand
Your sons and your daughters
Are beyond your command
Your old road is rapidly agin'
Please get out of the new one
If you can't lend your hand
For the times they are a-changin'

The line it is drawn
The curse it is cast
The slow one now
Will later be fast
As the present now
Will later be past
The order is rapidly fadin'
And the first one now
Will later be last
For the times they are a-changin'

🎼 Birds On a Wire | Voglio una casa

Reprise de “Voglio una casa “( Je veux une maison) de Lucilla Galeazzi

( Traduction française plus bas ↓ …si belles paroles)


Je veux une maison

Je veux une maison, je la veux belle
Pleine de lumière comme une étoile
Pleine de soleil et de chance
Et que la lune se lève sur le toit
Pleine de rires, pleine de pleurs
Maison, je te rêve, je te rêve tant.
Diridindindin, Diridindin...

Je veux une maison, pour tant de gens
Je la veux solide et accueillante
Robuste et chaude, simple et vraie
Pour y faire de la musique matin et soir
Et que la poésie y ait son lit
Je veux habiter sous ce toit.
Diridindindin, Diridindin...

Je veux que toute maison soit habitée
Et que plus personne ne dorme dans la rue
À mendier comme un chien
Parce qu’il n’a plus d’endroit où aller
Comme une bête sur qui on crache
Et que jamais personne, personne n’aide.
Diridindindin, Diridindin...

Je veux une maison pour les enfants
Qui ne savent plus où se rencontrer
Et pour les vieux, des maisons spacieuses
Qu’ils puisent vivre avec leurs proches
Des maisons pas chères, pour les familles
Et qu’il y naissent des fils et des filles.

Diridindindin, Diridindin..

🎼 Björk. "Declare Independence 

Back to basics.

“ Declare independence! Don't let them do that to you! Declare independence! Don't let them do that to you! (Justice) Declare independence! Don't let them do that to you! Declare independence! Don't let them do that to you! (Justice) Start your own currency! Make your own stamp Protect your language Declare independence Don't let them do that to you Declare independence Don't let them do that to you [x4] Make your own flag! Raise your flag! (Higher, higher!) Declare independence! Don't let them do that to you! Declare independence! Don't let them do that to you! Damn colonists Ignore their patronizing Tear off their blindfolds Open their eyes Declare independence! Don't let them do that to you! Declare independence! Don't let them do that to you! With a flag and a trumpet Go to the top of your highest mountain! And raise your flag! (Higher, higher!) [x5] Raise your flag! (Higher, higher!) Declare independence! Don't let them do that to you! Declare independence! Don't let them do that to you! Raise the flag! “