DESIGN/ Mon Jeu du Liban

 

Création d'un jeu de narration documentaire
2014. Québec

 

Idéation, direction créative, réalisation
d’un jeu narratif ( 54 cartes) basé sur des photographies et histoires personnelles

Pourquoi j’ai crée mon Jeu du Liban.

J’ai crée ce jeu en 2014, quand je revenais de huit années passées au Liban.
À l’époque, les amis, la famille, tout le monde me posait des questions sur mes années vécues là bas. Et franchement, je manquais de réponse.
L’histoire était complexe à raconter, complexe à résumer… complexe à comprendre, même par moi-même!

Pour les grandes lignes:
Je ne suis pas libanaise et n’avais pas de raisons particulières d’aller au Liban, à part un immense appel d’âme ( simple à expliquer ça aussi!)
Et ça a duré 8 ans, pendant lesquels j’ai fais mille et une actions différentes, tissés des liens avec des êtres qui se ressemblent et ne se ressemblent pas du tout.
En plus, le Liban est irrésumable tellement il paradoxal; ‘beautifully fucked up est des noms que je lui ai donné dans un de mes films sonores .
De toutes façons, comment fait-on pour résumer 8 ans de sa vie ?! Par où on commence l’histoire?

J’ai appelé une idée pour commencer à raconter tout en donnant du sens à cette histoire toujours étrange de ‘ mon Liban’ … et elle est venue sous la forme d’un jeu!

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Comment j’ai crée ce jeu.
Je voulais un outil de narration portable, toujours dans mon sac, facile à “dégainer” quand les questions fusaient.

Je voulais que cet outil soit ludique, pour entrer plus facilement dans les histoires complexes, parfois dures, que je rapportais de ces années au Liban.

J’ai sorti des photos de mes archives et j’ai commencé à les coller sur un jeu traditionnel de 54 cartes que j’ai organisé en système narratif:
- Les cœurs étaient des portraits d’êtres.
- Les trèfles, des maisons.
- Les piques, des vues sur divers espaces géographiques du Liban.
- Les carreaux, des marquages graphiques sur le territoire.

54 cartes-histoires.
Le jeu est né.

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Comment on joue au Jeu du Liban.
Quand j’ai eu mon jeu en poche ( et encore maintenant) lorsque qu’on me questionnait sur mes années au Liban, je sortais le jeu et je faisais tirer une, deux, trois cartes… que je racontais…tout en me les re-racontant finalement à moi même.
Les combinaisons renouvelées de ces fragments gardaient l’histoire fraiche, jamais figée dans les mots , ni le passé.

Plus je racontais ces cartes, plus je captais mon histoire d’étrangère intime avec ce pays et ces êtres . Je découvrais des nouvelles nuances …. et ça continue aujourd’hui, à chaque fois que je ressors et raconte ces cartes-histoires.

Ultimement, mon récit active des échos. On répond à mes histoires par d’autres histoires... des conversations se tissent, des liens se font.
Un petit outil puissant de reliance, à soi même et aux autres.

Ce Jeu comme ressource & modèle narratif .
Depuis, en plus de continuer à raconter mes cartes-histoires du Liban, j’utilise mon jeu comme un prototype pour initier des démarches narratives . Surtout celles qui ont besoin de faire sortir des récits complexes, voire traumatiques… et qui cherchent des chemins doux, ludiques pour ouvrir la porte aux paroles.

Par exemple, j’ai proposé mon jeu comme modèle pour la Maison de la Syrie à Montréal. Notamment pour ses ateliers narratifs auprès des jeunes réfugiés syriens.

Ecouter-Raconter-Soigner
Ce jeu prototype encourage à s’écouter et à se raconter.
En libérant la parole, on libère aussi l’histoire en la racontant au présent.
Ce processus narratif est simple et profondément soignant.

Soigner les mémoires en jouant avec elles.
C’est la possibilité sur laquelle je pari et dans laquelle je m’engage.