20 juin 2020. Notre rituel : Histoire #1
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Notre Rituel: Première Histoire
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Mes ami.e.s
Voila le chemin de notre rituel
Voila la carte de l’histoire
Ce samedi 20 juin 2020.
Comme toujours ,
une carte, ça montre juste des parties du territoire.
et ça en laisse d’autres hors champ.
Et comme toujours
ces actes, ces gestes, ces pas,
Toute cette cartographie
Elle m’est soufflée.
Presque dictée.
Je ne fais pas le rituel.
C’est le rituel qui me fait
Et moi, je le raconte.
….
Donc.
J’ai rejoins le ruisseau au bas de mon sanctuaire
le cimetière Mont Royal
Un lieu chargé de beaucoup de mes rituels
Dont ce ruisseau qui me connecte aux eaux de Notre Dame
Je l’emprunte souvent pour rejoindre ma source.
Je suis arrivée au ruisseau,
au début de l’heure dorée.
Le couple de canard sauvage était là.
Ce même couple que je vois depuis des années sur la montagne…
Je me suis installée.
Ils se sont approchés.
Puis, d'autres veilleurs sont arrivés
Les corbeaux juste au-dessus,
le raton laveur
…et tous les autres.
Tous ceux que j’entendais, et ceux que je sentais.
J’étais, comme à chaque fois, veillée
Et surveillée.
La lumière a bougé.
Un faisceau de soleil s’est posé
directement sur la jarre en terre cuite que j’avais placé dans l’eau.
Le signal du départ.
J’ai commencé à brûler.
Tout ce qu’on relâchait
Tout ce qu’on remerciait
Tout ce qu’on invitait
Plusieurs centaines de petits papiers
Jaune, bleu, rose
enflammés
dans cette jarre en terre
au milieu du ruisseau.
L’eau et le feu.
La lune et le soleil.
Le printemps et l’été.
Le caché , le visible.
La lumière révélée par la fumée révélée par la lumière…
Ça a duré longtemps.
Ça prend toujours longtemps de bruler .
Quand les flammes sont devenues cendres
J’ai rempli la jarre avec l'eau du ruisseau
J’ai plongé ma main dans la jarre
pour brasser ce mélange
et faire une petite épuisette avec mes doigts
pour récupérer tout petits bouts de papier qui n'auraient pas bien brûlés.
J’en ai récupéré une dizaine, à moitié carbonisés.
Quelques mots y apparaissaient encore.
Je les ai mis de côté, dans mon bol en cuivre.
Et j’ai fini en remplissant la jarre des pétales de fleurs.
Des pivoines, encore quelques lilas, et puis les fleurs sauvages
Tous ces bouquets qui nous avaient accompagné les derniers jours.
Tous ces minis autels de la maison
prets à poursuivre la célébration.
Alors que je m’apprêtais à quitter le ruisseau
la jarre dans la main,
vers la suite de notre rituel,
j’ai vu un petit papier bleu.
-la couleur donnée à nos remerciements.
Collé sur une roche
intact.
Celui-là n’avait pas rencontré les flammes.
Il était tombé dans l’eau
et avait navigué jusqu’à la roche où il s’était posé.
Tout trempé
mais parfaitement lisible.
ce message remerciait:
« Ce qui a besoin de l’être pour mon évolution . M’en remettre »
Ça m’a beaucoup émue.
Ces mots pouvaient se prêter à chacun des trois plongeons.
Et ces mots pouvaient s’adresser à chacun d’entre nous
au delà de nos formulations personnelles
qui mentionnaient parfois des prénoms… ou des lieux,
Ces mots-là parlaient au delà, comme pour tout notre cercle.
Seul ce petit papier, à travers des centaines
S’était extrait du lot
S’était extrait des flammes
Réunissant toutes nos Demandes
et nous réunissant, dans une sorte de chemin évident.
J’ai mis le petit bout de papier humide dans ma poche
Et j’ai quitté le ruisseau.
La lumière avait changé.
D’autres présences dansaient dans l’air.
… en quittant le ruisseau .
La jarre sous le bras,
Je suis allée rejoindre le géant aux trois troncs
comme nos trois plongeons.
J’ai fait le tour de l’arbre
En laissant à ses pieds cette mixture alchimique.
Nos demandes transmutées
de feu, d’air, d’eau, de terre
de fleurs et de parfums.
J’ai tracé un grand cercle autour du triple tronc.
Offrande aux sagesses de ce réseau immense
Ce pont entre les mondes
Ce pont entre les temps.
Et j’ai repris la route.
…
Sur le chemin
j’ai sorti le petit papier bleu encore humide de ma poche
Et je l’ai laissé
dans le grand bol ouvert
d’une statue que j’appelle
L’Accueillant.
Un jeune homme, assis en tailleur
le bol sur ses genoux
en méditation douce.
Rien de rigide, rien de conquérant.
Une stèle posée par une communautés d’immigrants au Quebec
Pour honorer leurs arrivées vers ces terres inconnues
Et honorer leurs départs vers les terres invisibles.
Et pour ces deux voyages
le même grand bol, ouvert
Accueillant ce qui est.
S’en remettre
Puis j’ai grimpé la colline
Vers l’arbre qui, lui, accueillerait notre drapeau.
Un vieil érable rencontré quelques jours avant
Dans une partie du cimetière où je m’aventure peu
Comme s’il m’avait appelé.
Sur le chemin,
j’ai fait dansé notre drapeau, nos mots, sur quelques branches
pour les charger des derniers rayons du soleil qui changeait de saisons.
Et je suis arrivée à l’érable
qui nous attendait
Prêt à de tendre l’une de ses branches
pour y abriter notre drapeau.
Ce drapeau,
je le sens comme un cercle de forces
Où j’ai rassemblé et écris tous les mots-clés de nos remerciements et nos invitations .
Parce qu’en en lisant nos demandes
j’ai souvent remarqué que certains appelaient
ce que d’autres remerciaient .
Comme un rappel, qu’à nous tous nous avions
tout!
Toutes les ressources disponibles
au sein de notre cercle.
J'ai accroché notre drapeau.
Il s'est immédiatement mis à danser
sous les regards curieux et vigilants des voisins,
une famille de marmottes
installée entre une tombe et les racines de l’érable
Puis, j'ai sorti le bol de cuivre, avec dedans
les quelques petit bouts de papier moitié carbonisés.
Et rigoureusement , j’ai pris les mots en note
Ceux toujours visibles.
Ces mots qui avaient décidé de traverser le feu ,de résister à l’eau
j’y sentais comme un code.
Un code énergétique? Un code narratif?
Je ne sais pas.
En tous cas, ils m’ont inspiré du respect et de l’attention.
Donc, voila ces mots rescapés
dans l’ordre où je les ai découvert:
Energie … nature
Mes rêves
La peur
Remerciée…Accueillie
Corps
Autour
1er plongeon
Plus de confiance, plus de valeur
Sourire
Fatigue
Belle harmonie
La semaine
La confusion
Le calme intérieur dans ma vie
La Source généreuse en réponses
J’ai enterré ces mots au pied de l’érable.
Je leur ai fait un petit autel
pour les relâcher, les remercier
et les inviter à nous éclairer
la suite de l’histoire.
Peut-être.
Et puis je me suis allongée sur l’herbe,
sous notre drapeau d’ondes
qui ondulait doucement
Dans ce nouveau sanctuaire
au coeur du sanctuaire.
Et la nuit est venue
et je suis partie.
Laissant notre cercle, les feuilles et la bougie continuer la danse.
…
Le sur-lendemain, je suis revenue avec Wissam.
Je voulais lui montrer l’arbre veilleur du drapeau
et enlever le squelette de la bougie
que j’avais posé sur les mystérieux mots rescapés.
Et ce jour là,
j’ai découvert
sur une tombe à coté du tronc
une inscription gravée il y a plus d’un siècle
qui disait:
« Some day, we’ll understand »
Un jour, on comprendra.
… et ça m’a fait bien rire!!
Depuis, j’amène les ami.e.s jusqu’à l’érable.
On se pose sous notre drapeau
On écoute nos forces
On raconte nos deuils
On honore, on célèbre
On fait monter l’histoire.
… comme cette après midi, où avec Victorine
on s’est offert, à nous, au cercle, à l’arbre, au vent, aux marmottes, à l’été
une pluie des dernières pivoines.
Une fête légère, et puissante.
À l’image de notre rituel d’ondes
… et pour vous dire un peu plus
combien ce rituel a été puissant pour moi
suivez moi dans la deuxième histoire.
Celle de mon rituel de guérison
le deuxième jour de ce week-end portail.
Le dimanche 21 juin 2020.
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